Histoire de Felleries...

Attesté dès le XIIème siècle, Felleries (Situé au cœur de l’Avesnois à proximité d’Avesnes-sur-Helpes dans le département du Nord) est longtemps resté un petit  village de clairière ceinturé par la forêt.

La prédominance de cette forêt et le manque de fertilité des terres labourables ont très tôt conduit les habitants à développer une économie à partir de la seule ressource qui paraissait inépuisable : le bois.

En plus du bûcheronnage, du charbonnage et du sciage, activités habituelles des communes forestières, de nombreuses spécialisations dans le domaine de la boissellerie font leur apparition au fil des siècles : sabotiers, fabricants de salières, de boites ou de tèles s’installent dans la commune et permettent son expansion.

La profession de tourneur sur bois n’apparaît dans les textes concernant Felleries qu’à partir du XVIIIème siècle. C’est à cette période que la boissellerie devient une grande spécialité du village et une branche importante de l’industrie avesnoise.

Au XIXème siècle, Felleries  va devenir le principal centre de production d’articles en bois du département du Nord

Longtemps restée au stade artisanal la boissellerie occupe de multiples petits ateliers à domicile qui fabriquent l’essentiel de la production. Seuls quelques patrons tourneurs, une dizaine d’ouvriers sous leurs ordres, distribuent les commandes aux petits artisans qui travaillent alors « aux pièces ».

Cependant au XIXème siècle, la naissance de l’industrie textile dans la région de Fourmies et l’amélioration des moyens de transports vers la région de Lille-Roubaix-Tourcoing, entraînent un développement parallèle du tournage fleurisien. Celui-ci évolue pour s’adapter à la création d’articles nouveaux et industriels plus perfectionnés (bobines pour filatures, canettes pour tissages, etc.) tout en maintenant ses productions traditionnelles.

Très rapidement l’augmentation de la production nécessite des installations plus puissantes et plus modernes. De nombreux artisans enrichis au cours de la première moitié du XIXème siècle implantent des usines plus importantes dotées de la machine à vapeur ( la premiere machine est installé dans le village en 1860).

En 1900, six établissements similaires existent déjà.

Plus de 5 millions de bobines et 2.5 millions de robinets sortent des usines spécialisées

En 1914, l’invasion allemande entraîne un arrêt brutal de la tournerie dans le village.

Trois des six usines en activité sont brûlées. Seules les scieries sont remises en fonctionnement afin de ravitailler en bois scié le front et l’industrie allemande. Le village prend l’allure d’une gigantesque scierie. Jenny, un éléphant provenant du cirque Hagenbeck de Hambourg est même amené pour déplacer les grumes en forêt ou aux abords des scieries. La surexploitation des bois entraîne des conséquences désastreuses. En quatre ans, les bois de Felleries furent vidés de leur réserve.

En 1924, Felleries compte cinq usines et une vingtaine d’ateliers artisanaux donnant du travail à plus de trois cents personnes. Pendant cette période sont fabriqués des millions d’articles destinés à l’industrie textile française et étrangère (Belgique, Pays-Bas, Amérique du Sud, Maroc).

Jusqu’en 1930, Felleries est en plein essor. Mais les premières répercussions de la crise économique mondiale, qui touche de plein fouet l’industrie textile, apparaissent rapidement. Les établissements ralentissent leur activité puis réduisent le personnel.

La deuxième guerre mondiale ne provoque pas dans la boissellerie de perturbations aussi importantes que le conflit 1914-1918.

L’après-guerre est suivi d’une brève relance de l’activité mais dès 1950, l’industrie de la boissellerie connaît un inexorable déclin. La profession attire peu les jeunes qui préfèrent les salaires plus élevés et les avantages offerts par l’industrie métallurgique du Bassin de la Sambre tout proche. Certaines entreprises ferment faute de repreneur. L’évolution des technologies, l’apparition de nouveaux matériaux comme le plastique entraînent de profondes mutations.

La dernière usine a cessé son activité en 1987et le dernier artisan tourneur est parti à la retraite en 2001.

quelques photos anciennes de Felleries...